Coeurs martiniquais

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COEURS MARTINIQUAIS

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notable amélioration semblait se produire chez le jeune garçon. Il s'échappait bien encore, mais pour revenir assez tôt et, malgré tout l'intérêt qu'il prenait à voir déblayer les rues des débris qUe le cyclone y avait amoncelés, il ne restait jamais bien longtemps absent. Tante Mama, la première, avait remarqué ce changement. Anne-Marie s'en rendit bientôt compte. L'équipée de la « Roxelane » fut la dernière escapade de Roland. Le soir de ce jour, quand Monsieur Fougeras se fut retiré après sa remontrance, Ginette avait dit à l'enfant confus t — Roland, tu as bon cœur puisque tu sauves les petits chiens, alors pourquoi te fais-tu toujours gronder, dis ? Et la réponse ne venant pas, la fillette avait insisté : — N'est-ce pas que tu vas rester avec nous , maintenant? Nous jouerons avec Bijou, tu ne feras plus de peine à ton papa. Roland avait promis, c'était là le secret de son changement. Tante Mama habituée aux frasques de son brigand s'en inquiéta un peu les premiers jours : — Anne-Marie, finit-elle par dire à sa nièce, je crains que Roland ne soit malade. Le rire de la jeune fille fusa : — Pauvre chère tante Mama ! Roland malade ? Je ne crois guère. Je trouve au contraire qu'il se fortifie étonnamment. Il sera bientôt, malgré ses treize ans, presque aussi grand que moi. Puis ses couleurs n'ont pas diminué, ni non plus son excellent appétit. — Alors pourquoi est-il si tranquille ? — Parce qu'il est en train de se convertir dans la société de Ginette. Ma petite amie a su trouver le chemin de son cœur que nous cherchions depuis si longtemps, et ils se font du bien mutuellement.


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