Coeurs martiniquais

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CŒURS MARTINIQUAIS

lette très obligeante ne s'y refusait jamais, mais il lui manquait l'entrain des beaux jours évanouis. Ce fut Roland qui devait savoir soudain l'intéresser. Un jour, il lui rapporta un joli petit chien blanc, tout frisé, qu'il avait sauvé de la noyade. La mère en ayant trop à nourrir, allait se trouver ainsi débarrassée du surplus de sa nichée, quand le jeune garçon était intervenu. Sans difficulté, il avait obtenu la grâce du sacrifié, l'avait emporté dans ses bras, et, tout fier de son trophée, était revenu à la maison le déposer aux pieds de Ginette. La petite fille en entendant la lamentable histoire prit en grande pitié le pauvre déshérité, caressa «es longs poils, embrassa son museau rose. Alors Roland lui dit : — Il faudra le nourrir, Ginette, il est encore si petit. Moi, je n'aurai jamais assez de patience. Tu t'en chargeras n'est-ce pas ? — Oh ! oui, dit la fillette, car il ne faut pas le laisser mourir maintenant que tu l'as sauvé. — C'est cela, dit Anne-Marie, heureuse de voir s'animer sa petite amie. Tante Marna vous donnera bien un peu de lait chaque jour. — Allons le lui présenter, proposa aussitôt Xavier. Les trois enfants traversèrent en courant la salle à manger, la fillette tenant bien fort sur sa poitrine son protégé. Ils trouvèrent tante Marna dans la cuisine en train de donner des ordres. La bonne tante, charmée de voir briller les yeux de Ginette, admira fort le petit chien, et promit tout le lait nécessaire, oubliant de gronder Roland pour s'être trop éloigné de la maison. Son frère ne fut pas le moins agréablement surpris, lorsque le soir il vit accourir au-devant de lui Ginette avec ses garçons. — Monsieur Fougeras, venez voir le joli petit chien que Roland m'a apporté, et la fillette toute rose entrât-


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