Coeurs martiniquais

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COEURS MARTINIQUAIS

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Il avait été, lui aussi, frappé du changement de l'orpheline et aujourd'hui concevant une idée lumineuse à ce sujet, il venait en faire part à Rodolphe. Après avoir causé un moment, en homme aimant les promptes décisions, il alla droit à la question : — Rodolphe, ce soir ma visite a un but intéressé, je suis venu vous demander Ginette. — Me demander Ginette?... — Oh! pas pour toujours, rassurez-vous. Je sais que vous ne céderiez en rien vos droits sur votre nièce. Mais, vous allez me la donner pour quelques jours, jusqu'à la rentrée des classes. Il lé faut dans l'intérêt de l'enfant. Certes, vous l'entourez de soins et de gâteries, mais en ce moment, la fillette a surtout besoin d'une société plus jeune que celle qu'elle trouve chea vous, et avec mes enfants, elle se distraira forcément. N'avez-vous pas remarqué, Rodolphe, comme elle a déjà pâli. — Oui, oui, répondit le jeune médecin. J'avais pensé aussi pour elle à un changement de milieu, et je réfléchissais aux moyens d'en venir là quand vous êtes arrivé. — Alors, c'est conclu, vous me la donnez ? — Oui, pour quelques jours, si ma mère le veut bien. — C'est déjà entendu avec ma vieille amie. Alors il n'y a plus d'objection. J'emmène Ginette ce soir même. Allons à sa recherche, Mme Daubray m'a dit qu'elle était dans la chambre de Da Ti-Clé. Cette précieuse chambre était naguère pour Ginette heureuse,un lieu de prédilection. Elle contenait tant de trésors aux yeux de la petite fille ! Outre les foulards et les gros bijoux dont elle aimait à se parer pour jouer parfois à la « da », il y avait là toute une collection de bourses contenant des graines différentes réunies par la vieille femme au cours de sa longue vie : graines


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