Coeurs martiniquais

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CŒURS MARTINIQUAIS

sait à ses enfants de l'« Anse », exposés sur le monticule, dans la maison de fragile apparence. — Pourvu qu'aucun accident ne leur arrive ! murmurait-elle à chaque instant, tout en égrenant son rosaire. Rodolphe qui, retenu près d'un malade, était rentré assez tard, gardait pour lui ses pensées, ne voulant pas ajouter aux angoisses de sa mère. Mais dès que la tourmente fut apaisée, il se munit d'une lanterne, et, accompagné de son cocher, Martino, jeune nègre qui lui était très dévoué, il partit à pied, pour se rendre chez son frère. Quelques minutes après son départ, on frappait à la porte de sa demeure. C'était Monsieur Fougeras. Rien de grave non plus n'était arrivé chez lui et en ami fidèle, il venait prendre des nouvelles. Da Ti-Clé l'introduisit. — Rodolphe est parti pour l'Anse, lui dit Mme Daubray. — Je vais vite alors essayer de le rejoindre. J'aurai ainsi plus rapidement des nouvelles de mes jeunes amis. Et en lui-même, il achevait : — Rodolphe aura peut-être besoin de moi. Qui sait ce qui a pu leur arriver là-bas, exposés comme ils le sont au vent de la côte ? Dans le vestibule, il prit le fanal qu'il y avait laissé. Deux garçons de son magasin, porteurs de torches de résine, l'attendaient dans la rue et voulurent l'accompagner . Bientôt ils sortirent ensemble de la ville, et ce fut alors que les difficultés commencèrent. Les arbres encombraient la route de tous côtés. Il fallut faire plus d'un détour avant d'atteindre le « Trou », passage creusé dans la falaise et abrégeant le chemin entre Saint-Pierre et l'Anse (1). La mer y avait amené beaucoup de sable, I. Ou plus exactement entre Saint-Pierre et cette partie de l'Anse qu'habitaient les Daubray. En réalité le « Trou » se trouvait à l'Anse dont il unissait les deux parties.


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