Coeurs martiniquais

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CŒURS MARTINIQUAIS

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— De vous avoir suivi ? Non, mon ami. Ils se consoleront ensemble, et vous n'avez plus que moi, maintenant. Mais une petite larme brilla dans ses prunelles. Larme due au souvenir de ses parents, de sa douce petite patrie, et qu'elle ne put dérober entièrement aux regards affectueux de son mari. Alors, celui-ci, les yeux humides, pressa plus tendrement sa petite main en l'appuyant avec ferveur contre ses lèvres. Deux ans après, le père Xavier, de retour d'Afrique, baptisait, à l'église de la Madeleine, une nouvelle petite Ginette, dont M. Vinac et Mme Farnet furent les parrain et marraine. Le soir de la cérémonie, Roland, penché sur l'épaule de sa femme, regardait dormir son enfant. Attendri et ravi à la fois, il contemplait les menottes délicates, la petite figure aux lignes indécises, reposant sur les flots de mousseline :— Liliane, quand elle sera plus forte, nous l'emmènerons connaître le Vieux-Logis. Un radieux sourire éclaira le visage heureux de la jeune femme. Le matin même, elle avait reçu une longue lettre de ses parents et de son cœur reconnaissant montaient deux ferventes actions de grâce : Pierre épousait Marie-Louise, et Roland, près du berceau de sa fille, oubliait ses dernières tristesses. Martinique, ce 30 mai 1918.


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