Coeurs martiniquais

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CŒURS MARTINIQUAIS

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soin d'aider la vieille Soune dans les soins du ménage. Mais durant l'après-midi, elle s'asseyait avec ses filles dans la « galerie » donnant sur le levant, et pendant que les petits s'ébattaient joyeusement à leurs côtés, elles faisaient, toutes quatre, marcher l'aiguille. C'était là, tout en causant, le moment du raccommodage, et quand il n'y avait pas de pièces à repriser, on préparait, gaiment ensemble, quelque ouvrage de broderie, destiné à embellir la vieille maison. Ce fut au milieu de celte vie simple que s'écoulèrent les fiançailles de Roland. Pierre Longelieu avait appris sans rancune le mariage, et même il ne tarda pas à venir féliciter Liliane. Un dimanche, après la messe, il arriva tout poudreux de Saint-Joseph, où il était en villégiature, et M. de Ligneul, l'obligeant à remiser sa bicyclette, le retint à déjeuner. Dans l'après-midi, on fit une glace. Roland s'étant éloigné avec une coupe dont il avait débarrassé sa fiancée, Pierre en profita pour causer un instant avec Liliane : — Ainsi le mariage ne vous semble plus si effrayant? La jeune fille repondit par un sourire. — Voulez-vous m'indiquer les motifs qui vous ont porté à me repousser. Les jeunes filles se ressemblent toutes, je tâcherai de me corriger de ces défauts pour ne pas encourir d'autres refus ? Mais Roland revenait à sa place et le beau regard de tendresse que Liliane leva vers son fiancé, en la dispensant de répondre à Pierre, fut pour lui la meilleure explication. Ce jour-là, les Rustaud, propriétaires de l'habitation voisine, étaient venus faire visite à leurs amis du VieuxLogis, et quand l'ombre, descendue, permit de s'installer sur la savane, Gaston y porta un échiquier.


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