Coeurs martiniquais

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QUATRIÈME PARTIE

Indifférent aux bruits divers, aux mille cris montant de Paris qui s'éveille et déjà s'affaire dans ce mouvement perpétuel, si particulier à la grande capitale, Roland Fougeras s'isolait ce matin-là dans sa chambre, à l'aspect un peu sévère, en face de ses inoubliables souvenirs. Quatre ans s'étaient écoulés depuis que l'ouragan de feu, en couchant sans pitié dans la cendre ses chères et douces affections, lui avait laissé au cœur, avec la blessure cruelle, le vide que n'arrivaient à combler ni les absorbantes occupations, ni les témoignages des nouvelles amitiés. Car le Ciel s'était montré clément au malheureux éprouvé, en semant son dur chemin, de chaudes et précieuses sympathies. C'étaient d'abord les Farnet, ses anciens patrons d'hier devenus ses associés et comme ses parents adoptit's, puis le froid banquier Vinac, s'attendrissant jusqu'à venir chercher lui-même le fils de son ancien ami, pour l'asseoir à sa table de famille, enfin l'affection, trop lointaine, mais si fidèle des de Ligneul et surtout, plus que tout le reste, les réconfortantes lettres, pleines de tendresse du Père Xavier. C'était une de celles-ci, la dernière qu'il eût reçue, qui tenait ce matin Roland abimé dans ses réflexions ;


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