Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane. Tome troisième

Page 172

( 435 ) lui sert à évoquer le diable , qu'on regarde toujours comme la cause des maladies. Le piaie, renfermé dans son réduit, agite donc cette calebasse , fait grand bruit , chante , crie, et appelle ses divinités. Il continue ainsi pendant deux ou trois heures. Enfin , contrefaisant sa voix, en mettant quelques graines dans sa bouche , et en parlant dans une petite calebasse, on entend prononcer ces paroles effrayantes : « Le diable est extrêmement irrité contre le malade ; il veut le faire périr après l'avoir tourmenté long-temps ». Les assistans que cet arrêt épouvante, poussent des hurlemens affreux, et conjurent le piaie d'appaiser le mauvais esprit , en dut-il coûter tout ce que possède la famille. Il se rend à ces supplications, et conjure le démon de se laisser fléchir. La voix tonnante répond qu'il lui faut telle ou telle chose, et aussitôt; on les donne. Il s'agit ensuite de savoir quel est le siége du mal, et quel remède il faut y appliquer. Alors , nouvelles invocations , nouvelles demandes et nouveaux présens. Quand on a remis au charlatan tout ce dont il avoit envie , il suce la partie dont le malade est le plus incommodé ; et crachant de petits os, qu'il a eu soin de mettre dans sa bouche , E e 2


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.