Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane. Tome troisième

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( 414 ) les bras croisés dans son hamac. Ces jeunes mariés sont encore assujétis à une loi assez dure. Lorsque leur femme accouche pour la première fois, ils se tiennent dans leur hamac, qu'on suspend au faîte de la maison. Un morceau de pain de cassave et un peu d'eau y font toute leur subsistance. Après avoir gardé, pendant quelques semaines, ce jeûne austère, on les descend et ou les frelangue , comme disent les créoles , c'està-dire qu'on leur fait , avec de grosses arêtes de poisson ou des dents d'agouti , quelques scarifications en divers endroits du corps. Très-souvent même, on leur applique plusieurs coups de fouet. Ce cérémonial n'est pas encore tout. Le nouveau père est obligé de se mettre au service de quelque ancien indien, et de quitter sa femme pour quelques mois. Pendant tout ce temps, il doit être aussi soumis qu'un véritable esclave. II doit s'abstenir de manger de la viande de porc et de gros gibier. Le temps de la servitude accompli, on va à la pêche aux crabes; on en prend une assez grande quantité; on fait un festin, dans lequelon s'enivre; puis on rend, en grande pompe, l'époux à l'épouse.


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