Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane. Tome troisième

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( 89 ) les chants funèbres , les gémissemens et les cris percent les cieux. La fosse étant remplie et couverte d'un gazon vert, on dépose à côté deux grosses calebasses, Tune pleine d'eau, l'autre remplie de différentes viandes bouillies et de cassave ; ce qu'on fait, non pas comme quelques personnes le croient, dans l'idée que le mort pourroit en avoir besoin, mais comme un témoignage, du réspect qu'on a pour sa mémoire : quelquefois même on apporte le peu de meubles qu'il a laissés, et on les brise sur sa tombe. Ces cérémonies achevées, tous les assistans lui font leurs adieux ; ils lui parlent comme s'il pouvoit les entendre ; ils l'assurent du chagrin qu'ils éprouvent de leur séparation ; ils lui disent enfin qu'ils espèrent le revoir, non pas en Guinée, ce qu'on a prétendu malà-propos, mais dans ce séjour heureux où il jouit maintenant de la présence de ses ancêtres, de ses parens , de ses amis. D'autres cris de douleur terminent ces funérailles, et l'on s'en retourne à la maison. Le lendemain, on tue un cochon gras, des canards, de la volaille, etc. ; et les parens donnent aux autres nègres un festin qui ne finit que le jour suivant. En signe de deuil, hommes et femmes se rasent


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