Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane. Tome troisième

Page 53

( 45 ) de sortir, et levant sa canne à pomme d'argent , il me demanda « Si j'étois le maître » de la maison ; et, dans le cas contraire, de » quoi je me mêlois ? « Je suis, dit-il, d'une » voix de tonnerre, le capitaine Fortune » Dago-So ; et si je vous tenois dans mon » pays, chez les Oucas, j'abreuverois la » terre de votre sang». Je lui répondis, en tirant mon épée, « Que mon nom étoit Sted» man, et que s'il osoit tenir encore un » discours aussi impudent, je le percerois à » l'instant ». Là - dessus il fit craquer ses doigts et nous quitta. J'étois très-mécontent de cette scène, et je blâmois le colonel Fourgeoud de montrer tant d'égards à de tels bandits. Le soir, en sortant de dîner, je rencontrai le même nègre qui s'arrêta tout court, et me dit : « Massera , vous » êtes un homme, un brave homme ; voulez» vous donner quelqu'argent au capitaine » Fortune» ? L'ayant refusé brusquement, il me baisa la main, et me montra ses dents, en signe de réconciliation, me dit-il; et il me promit de m'envoyer un présent de noix de pistaches, qui cependant ne vint pas. Quoique notre séjour fût prolongé de quelque temps à Surinam, nos services n'y pou-


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.