( 28 ) Cojo, l'oncle de Joanna, qui, ayant tué un singe hurleur, me l'apportoit. Les singes de cette espèce sont de la grosseur d'un petit boule-dogue. Ils ont une barbe, les poils longs et rouges, et au total ils sont extrêmement laids. Mais ce qui les distingue principalement des autres singes, c'est le hurlement affreux que des groupes nombreux de ces animaux font entendre en chœur, et sur un ton si élevé qu'il perce à la distance d'un mille. Les nègres m'assurèrent qu'ils répètent généralement ces concerts discordans, nuit et jour, à la haute marée, qu'ils connoissent par instinct. — En parlant de cette sorte d'intelligence des animaux, je ne puis m'empêcher de rapporter le fait suivant qui est des plus singuliers ; je reviendrai ensuite à la partie historique de mon récit. Je reçus, le 16, la visite d'un de mes voisins à qui je fis monter mon échelle; mais il n'eut pas plutôt mis le pied dans mon habitation aérienne, qu'il fit un saut du haut en bas, en poussant les cris de douleur les plus aigus; et il courut se plonger aussitôt dans la rivière, la tête la première. Ayant regardé au-dessus de moi, je découvris bientôt que cet événement étoit causé par