Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane. Tome troisième

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faisions, nous dont le teint livide étoît brûlé par le soleil, et qui, épuisés par tant de misères et de fatigues , n'étions plus que des squelettes ambulans. Je pourrois ajouter qu'ayant si long-temps vécu dans les forêts, nous n'avions plus l'air que de sauvages ; et moi-même , en particulier , j'en méritois et j'en obtins le surnom. Ce fut dans cet état que j'arrivai dans la ville de Bois-le-Duc , où notre dernier débarquement se fit le 9. C'est ainsi que se termina une expédition des plus extraordinaires que jamais des troupes européennes aient entreprises, et à laquelle on ne peut comparer, que foiblement encore, la guerre des Flibustiers d'Amérique. A notre arrivée , nous trouvâmes le lieutenant-colonel Westerloo , qui , en 1773 , étoit revenu malade en Europe, et qui même en ce moment, n'étoit pas tout-à-fait rétabli. Il m'invita, ainsi que quelques-uns de mes camarades , à dîner à une table d'hôtes , en partie composée d'officiers hollandais , qui se plaignirent que le potage sentoit la fumée, et que le bœuf étoit mauvais ; quant à nous, malheureux aventuriers, nous dé-


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