Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane. Tome troisième

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( 159 ) aux rebelles, qui, n'ayant plus aucun moyen de subsister de ce côté - ci de la rivière , furent contraints de la passer, et d'aller s'établir dans la colonie française de Cayenne. Dans cette marche, pénible et nécessaire, les soldats, et sur-tout les nouveaux débarqués, avoient prodigieusement souffert. On fut forcé d'en porter un grand nombre dans leurs hamacs ; on laissa plus de trente malades au poste du Maroni ; et mon ami Small s'en revint un peu plus léger. Il se trouvoit alors plus de cent hommes dangereusement malades , à l'hôpital de notre camp. On n'entendoit que des soupirs, accompagnés, toutes les nuits, des cris des chouettes de la Guiane. La crampe, mal très-commun à Surinam, tourmentoit ceux qui étoient d'ailleurs en élat de faire le service. Chacun étoit plongé dans la plus grande tristesse. Ici, l'on voyoit un homme couvert , de la tête aux pieds , d'ulcères tout saignans; là, c'en étoit un autre, porté par deux de ses camarades, et qui, enseveli dans une profonde léthargie, s'endormoit dans le sein de la mort, malgré toutes les secousses qu'on lui donnoit pour le ranimer. Celui-ci , tout gonflé par une hydropisie ,


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