Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane. Tome troisième

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( 123 ) » personne, c'est-à-dire, la propriété de » son maître , et pour avoir effrayé ma » femme, elle l'envoya au fort Zelandia , » pour y expier son crime par un bon spanso» bocko. » Le châtiment ainsi nommé, est des plus cruels ; on l'inflige de la manière suivante : On lie les mains au condamné, et on lui fait passer les genoux entre les bras; on le couche ensuite de côté, et on le tient ainsi retroussé comme un poulet, au moyen d'un pieu auquel on l'attache, et qu'on enfonce en terre. Dans cette situation, il ne peut pas plus remuer que s'il étoit mort : alors, un nègre, armé d'une poignée de branches noueuses de tamarin, le frappe jusqu'à ce qu'il lui ait enlevé la peau ; il le retourne ensuite de l'autre côté, le frappe de même, et le sang trempe la terre à la place de l'exécution. Lorsqu'elle est achevée, pour empêcher la mortification des chairs , on lave le malheureux avec du jus de citron, dans lequel on a fait fondre de la poudre à canon. Cette opération terminée, on le renvoie dans sa case se guérir, s'il le peut. Est-il étonnant , je le répète , que les esclaves se révoltent contre des maîtres qui les traitent avec tant de cruauté ?


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