Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane. Tome troisième

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le malheureux trouva moyen de se soustraire à son ressentiment. Le soir même , il fit ses adieux à tous les nègres de la plantation; puis, il alla se coucher sur le lit de son maître, où il mit le canon d'un fusil de chasse dans sa bouche, et, lâchant la détente avec un des doigts de son pied, il termina, de la sorte, son existence. Le bruit du coup ayant jeté l'alarme, on envoya deux grands nègres savoir ce que c'étoit, et ils trouvèrent le jeune homme étendu mort et défiguré , sur le lit tout ensanglanté. Les deux esclaves rendirent compte de cet événement, et reçurent l'ordre de jeter le corps par la fenêtre; mais, ni le maître, ni la maîtresse, ni même aucune autre personne , jusqu'à ce que j'arrivasse, ne voulut entrer dans cet appartement, qui étoit agréable et commode. Ce qui effraya le plus les maîtres de la maison, dans cette circonstance, ce fut que leur enfant chéri étoit couché dans la chambre même où la catastrophe eut lieu; mais ils se rassurèrent bientôt, en apprenant qu'il ne lui étoit rien arrivé. Je n'avois pas encore passé quinze jours dans cette plantation , quand une esclave , nommée Yettee , fut dépouillée nue et fus-


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