( 106 ) — « Qu'il avoit mérité la mort, mais qu'il » ne s'atlendoit pas à mourir tant de fois. » Cependant, continua-t-il, vous avez man»
que votre but; je me ris de tous vos
tourmens, dussé-je rester ici un mois ». Cette phrase achevée, il chanta de suite, et d'une voix claire , deux chansons , par l'une desquelles il disoit adieu à ses proches »
et à ses amis, et par l'autre, il apprenoit à ses parens décédés qu'il alloit bientôt jouir de leur compagnie dans le séjour heureux qu'ils habitoient. Lorsqu'il eut fini, il causa tranquillement de son procès, dont il rappela toutes les particularités. — « Mais , » dit i! tout-à-coup à ceux qui l'entouroient, »
je vois à la hauteur du soleil qu'il est près
»
de huit heures , et je serois fâché , par de
»
plus longs discours, de vous faire perdre
» votre déjeûner ». Alors, ayant jeté les yeux sur un juif nommé de Vries, il lui dit : — « A propos, monsieur, voulez-vous » me payer cinq florins que vous me devez »? «
Pourquoi faire, répondit le juif»?
— «
Pour acheter de quoi manger et boire;
—
» ne voyez-vons pas qu'on me laisse vi» vre » ? Le juif reculant à ces mots , le malheureux supplicié lui rit au nez forte-