Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane. Tome premier

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( 346 ) avant ; mais nous ne trouvions ni ennemis ni eau. Les officiers et les soldats commençoient à s'affoibliret l'on en portoit déjà quelques-uns dans leurs hamacs. Il faisoit vraiment une chaleur insupportable ; car nous étions dans la saison de la sécheresse. Dans cette extrémité, nous fîmes creuser un trou de six pieds de profondeur , au fond duquel on tira un coup de fusil; il eu sortit à l'instant un peu d'eau ; mais si bourbeuse , qu'elle ne put servir à rien. Nous continuâmes à marcher , et nous campâmes dans un lieu où les rebelles avoient précédemment cultivé quelques plantations. Il étoit cruel d'entendre, pendant la nuit, les malheureuxsoldats se plaindre de la soif. Le colonel, cependant, persista , jusqu'au troisième jour, à s'avancer plus loin, dans l'espoir de rencontrer quelque crique ou quelque ruisseau , pour soulager la détresse générale. Mais il fut trompé dans son attente; car, le 12, ayant fait route jusqu'à midi , dans des sables brûlans, il succomba lui-même, avec beaucoup d'autres qu'accabloit une soif continuelle et dévorante. Ce fut encore un bonheur pour nous que les rebelles ne nous aient pas attaqué


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