Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane. Tome premier

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( 339 ) hutte, comme un animal domestique, pendant toute notre campagne de la WanaCrique; et j'ai moi-même conservé longtemps une grenouille familière. Mais revenons à mon hamac et à mon journal. Le coassement de ce pipal , celui d'un autre crapaud qui, du coucher jusqu'au lever du soleil , crie constamment touck , touck , touck ; le hurlement des tigres , celui des singes, le sifflement des serpens, c'étoient des vers de l'espèce de ceux qui paroissent sur la viande lorsqu'elle se gâte : on les lui gardoit dans du son. Le crapaud les suivoit attentivement; et lorsqu'un de ces vers se trouvoit à sa portée, il le fixoit des yeux et demeuroit immobile pendant

quelques

secondes ; puis , tout-à-coup , il lançoit de loin sa langue sur le ver , qui y demeuroit attaché à l'aide d'une humeur visqueuse dont elle étoit enduite à sou extrémité ; ce mouvement de la langue étoit si rapide, que Tail du spectateur ne pouvoit le suivre. Il y a apparence que ce crapaud auroit vécu bien long-temps , suns un corbeau privé qui l'attaqua un jour à l'entrée de son trou. Les efforts que fit M. Arsscott pour enlever le crapaud à son ennemi , ne purent empêcher que celui-ci ne lui crevât uu oeil ; quoiqu'il ait vécu encore depuis, pendant un an, il devint tr iste et languissant. Il avoit beaucoup de peine à attraper sa proie , la perte de son œil lui ôtant la faculté de la viser avec la même justesse. ( Dict. d'Hist. Nat. )

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