Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane. Tome premier

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( 132 ) sont obligés de conduire tout capricieux planteur à son habitation, ce qui lui épargne le temps de ses nègres ; et pour tant de services, il reçoivent une foible portion de quelque mets commun, et de mauvaise boisson. Ils appaisent et leur soif, et leur faim, par quelques bananes, qu'ils mendient aux esclaves, ou en mangeant des oranges et en buvant de l'eau, ce qui, en peu de temps, les délivre de tous maux. Dans toutes les parties de la colonie , ils ne sont pas mieux traités que des bêtes de somme. Après avoir déchargé la cargaison des vaisseaux, ils sont obligés, tout baignés de sueur, et outragés de paroles et de coups, de la porter dans des magasins éloignés. Quelques nègres ont ordre de les accompagner, mais sans mettre la main à l'œuvre ; ils soulageroient cependant volontiers ces matelots épuisés, qu'une telle conduite mortifie et décourage infiniment. Les planteurs les emploient aussi à peindre leurs maisons , à nettoyer leurs vitres , et à mille autres travaux auxquels un matelot ne fut jamais destiné. Il en périt ainsi un nombre considérable, qui, sans cet excès de fatigue eussent vécu bien plus longtemps. Les capitaines au service de la com-


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