Youma : roman martiniquais

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— 90 — qui avançait dans l'eau profonde,

à l'extrémité sud de

l'ouverture de la vallée, et qui se recourbait de façon à s'opposer au vent. C'était de là qu'on lançait le gommier, au son du tambour. Il y avait également dans un hangar un petit bateau ; c'était la barque privée de M. Desrivières, — et elle sortait rarement. Et Gabriel savait fort bien la manœuvrer. Bien avant l'heure indiquée, Youma conduisit Mayotte jusqu'à la plage. La grande chaleur de la journée était tombée, et les falaises projetaient leurs ombres denses sur le sable. C'était un grand plaisir pour l'enfant de faire une promenade sur cette côte. Il n'y avait pas de jolis coquillages comme ceux que rejette la marée à la Grosse Roche à Saint-Pierre, et les vagues étaient trop fortes pour qu'elle pût y faire la trempette, comme elle l'aurait voulu. Mais c'était une joie de voir les brisants s'écrouler et briller ; et puis le sable noir était tout rempli de drôles de petits crabes jaunes, aux pattes poilues, des gardons de mer, des ravelles lanné, qui se servent de leurs queues comme de bêches, pour creuser le sable. Et parfois on rencontrait une toute petite tortue, à peine sortie de l'œuf, qui se dirigeait vers l'eau. Bientôt les enfants de la plantation arrivèrent, — noirs et jaunes, bruns et rouges, sous la surveillance de Zoune et


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