Youma : roman martiniquais

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- 85 sienne avec une si affectueuse confiance, Aimée qui avait murmuré à l'instant d'expirer. : — Youma ! Oh ! Youma, tu aimeras mon enfant ? Youma, tu ne la quitteras jamais, quoi qu'il arrive, tant qu'elle sera petite ?... Promets-moi cela, chère Youma. Et elle avait promis. Youma revit ensuite le visage de Mme Peyronnette, qui lui souriait sous ses bandeaux argentés, qui iui souriait comme lorsque Youma sentait une fine main blanche, chargée de bagues, lui caresser doucement le visage, — et aussi comme lorsqu'elle entendait la vieille dame lui dire : — Toi aussi, enfant, tu es ma fille,— ma jolie sombre filleule en Dieu ! Tu dois être heureuse ! Je veux que tu sois heureuse. Et elle avait vraiment essayé de la rendre heureuse : elle avait formé beaucoup de projets, elle avait dépensé beaucoup d'argent afin que Youma ne pût jamais envier d'autres femmes de sa classe... Et Youma songea à tous les cadeaux qu'elle avait reçus. Elle songea au confort dont elle avait joui. Elle avait toujours eu sa chambre, qui donnait sur la tonnelle ornée de vignes et de pommes de liane, où tournoyaient les oiseaux-mouches cramoisis et émeraudes, une petite chambre toute remplie du vent de la


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