Youma : roman martiniquais

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— 81 — — Et il n'est que jeudi ! dit-il avec un sourire étrange. Doudoux, vous savez qu'une fois qu'ils vous auront ramenée en ville, ils ne vous laisseront plus jamais me revoir, plus jamais. Oui, vous le savez 1 Peinée par le ton suppliant de Gabriel, elle lui répondit d'une voix qui s'étranglait : — Mais, Gabriel, qu'y puis-je ? Vous savez qu'il n'y a rien à faire ? — Si, il y a un moyen, interrompit Gabriel presque durement. Étonnée, elle le regarda, et un espoir, nouveau et vague, pointa dans ses grands yeux. — Il y a un moyen, ma fille, répéta Gabriel, si vous êtes brave. Regardez ! Du doigt il désigna un point au delà de la vallée; audessus de la mer, vers le nord-est, où surgissait une forme d'une beauté fantastique, —vision visible seulement par le beau temps. Du cercle pourpré de l'Océan, la silhouette de la Dominique se découpait sur le jour améthyste, couronnée de surnaturelles cimes violettes, au-dessus desquelles s'enroulaient des nuages, pareils à un? lumineuse ouate d'or. — Doudoux,

on

arriverait

là-bas en une

seule

nuit, murmura-t-il, en surveillant le visage de Youma. Elle comprit ce qu'il voulait dire... La liberté atten6


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