Youma : roman martiniquais

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- 64 sa da. C'était des fruits cueillis dans son propre jardin, un bouquet de figues qui sont de toutes petites bananes à peine longues de deux pouces, ou un zabricol (abricot des tropiques), ce fruit singulier, que les anciens habitants de Haïti tenaient pour sacré parce qu'il était la nourriture des fantômes, une prune colossale, aussi grande que le plus grand des navets, à la chair vermeille et musquée, au noyau gros comme un œuf de canard, ou bien une grande branche odorante de zorange mandarine, chargée de mandarines, ou un fouite-défendu, le même, suivant la tradition créole, que le serpent fit manger à Eve, sorte d'immense orange plus grosse qu'une citrouille, mais dont la chair rose est savoureuse... Un jour, le jour de la fête de Mayotte, Gabriel apporta un très joli cadeau : un panier qu'il avait tressé lui-même avec des lattes dé bambou et des tiges de lianes, rempli d'échantillons de presque tous les produits de la plantation. Il y avait un joli petit pain de sucre, un paquet de bâtons caco, ou bâtons de chocolat, un petit couï, ou demi-calebasse, rempli de sucre brun, un bidon de sirop raffiné, un pain-mi, ou gâteau de maïs bouilli, sucré et enveloppé dans une feuille de balisier attachée par un ti-liane razié, quelques tablettes de caGao gratiné, confites dans du sucre liquide, et un joli paquet de canne à sucre de Chambéry attaché par une feuille de


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