Youma : roman martiniquais

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— 60 — — Non, doudoux I Non, cocotte I Ne crains rien. Elle disait vrai, sans s'en douter, car le serpent n'avait pu se servir de ses crochets. Pourtant la marque de son corps restait imprimée sur la peau lisse de Youma qui semblait marquée au fer rouge. Gabriel avait lâché son coutelas et défait le long mouchoir fautas qui enserrait sa taille pour faire une ligature. C'était lui le panseur de la plantation. — C'est inutile, mon fils, lui dit M. Desrivières. Elle n'a pas été mordue. Gabriel demeura muet d'étonnement. Pendant ce temps, la chambre s'était emplie d'esclaves, et il y régnait un brouhaha d'exclamations. — Dié Seigné, qui sèpent I — Mi tête là

i, a lé mode toujou !

— C'est guiabe menm ! — Moceaux à ka rimié pou y ο joinne, -

Aie / Youma tchoque ! ouille papa ! (i)

Et un serpent, de près de six pieds de long ! Personne n'avait jamais entendu pareil exploit. Lorsque Youma raconta ce qui était arrivé, très simplement et avec un (1) Seigneur Dieu, quel serpent !... Voyez la tête qui veut mordre toujours !... C'est le diable lui-même !... Les morceaux se remuent pour se rejoindre... Aïe, Youma chère. Oh ! là, Papa !


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