Youma : roman martiniquais

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— 53 — humains et aussi beaucoup d'or et d'argeat, plus qu'il n'en fallait pour que la petite fille devînt très riche. Et lorsqu'elle se maria, elle eut la plus belle noce qu'on eût jamais vue dans ce pays ! ...

Les visites que Mayotte faisait, chaque matin, avec Youma à la rivière, lui avaient permis d'imaginer tous les décors de la dernière partie de cette sotte petite histoire. Et elle fut si fort enchantée qu'elle obligea sa bonne à la lui répéter plusieurs fois. Elle avait vu les écrevisses sortir leurs têtes des flaques d'eau ; elle avait attrapé les titiri dans ses petites mains, elle connaissait de vue la loche, le têtard, la matavalé, le zhabitant, le dormeur et le cirique. Elle connaissait aussi, grâce à de douloureuses expériences, l'arrête nègre. Elle se disait que Dame Kélément devait ressembler à la vieille Tanga, quand celle-ci était en colère ; et la petite fille qui perdit son chemin dans les bois était sans doute l'image de certaine petite négresse que Tanga grondait souvent et qui se mettait à pleurer d'une façon tout à fait extraordinaire : Αϊε-yaië-yaië-yaië-yaiëyaië-yaië !


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