Youma : roman martiniquais

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— 21 — vivant est hissé sur un robuste cadre de bois, et trois hommes activent la lourde scie, — un dessus, et deux dessous. Tous trois ont le torse nu. Et l'un est jaune orange, l'autre couleur cannelle, le troisième est d'un noir brillant comme la laque. Tous sont musclés en statues. Et, tout en travaillant, ils chantent : " Aië ! Dos calé! Aie! Aie ! dos calé! Aie, scié bois, Aie ! Pou nou allé

(1) !

... Cependant ces incidents de route se font plus rares quand commence la longue descente à travers les champs de canne à sucre et les cacaoyères, qui part des cimes boisées et va jusqu'à la mer lointaine. Là, plus d'ombre ni de fraîcheur. Vous chevauchez par des terres nues, offertes au soleil. Mais l'immense paix charme comme une caresse et la magnifique étendue ouverte au regard console de l'apparente absence de toute vie

humaine.

Derrière vous, et aussi au nord et au sud, les mornes élèvent leurs demi-cercles au-dessus des lieues ondu(1) Aië ! dos calleux... Aie, sciez le bois, pour nous on aller.


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