Youma : roman martiniquais

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— 147 — rester pour encourager de leur présence les femmes impuissantes, — les mères, les épouses et les jeunes filles, élevées dans le raffinement, et dont l'existence tranquille et parfumée n'avait pas été jusque-là troublée par la plus légère ombre de peur. Il y avait encore près de trente personnes dans la maison en flammes. Et pourtant les soldats demeuraient toujours enfermés dans la caserne. La fumée était poussée vers le nord, et du côté de la rue on distinguait nettement la façade de la maison. Mais, depuis que l'on avait jeté des pierres, personne n'était encore apparu aux fenêtres de devant. La foule regardait et s'étonnait ; on eût dit que toute communication était déjà coupée entre la façade et l'arrière de la demeure. Ainsi la dernière scène de la tragédie leur serait cachée. Ils en conçurent un dépit brutal. Leur frénésie première s'était apaisée, il ne leur restait plus que cette apathie révoltante qui, dans les natures sauvages, suit l'accomplissement cris

d'un

acte monstrueux. La

tempête des

se calma et fut remplacée par des conversations

animées pareilles au rugissement assourdi de la marée basse I — Ce sont les femmes et les enfants qui crient ainsi I dit un nègre.


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