Youma : roman martiniquais

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— 139 — Les serrures et les verrous sautèrent ; l'encadrement même de la porte s'effondra sous une pluie de plâtras ; la large barre de fer tenait toujours bon, mais elle s'était courbée comme un arc, et les portes avaient bien cédé de cinq pouces. — Soh ! soh ! yaïe-yah... Rhalé fô ! Il y eut un fracas de métal brisé, une explosion de bois qui éclate : et les portes s'abattirent. Le bruit de leur chute résonna sous la voûte comme un coup de canon. Les hommes laissèrent tomber la poutre, et un rugissement de brute acclama l'exploit... A l'intérieur de la maison, tout était sombre. Ils hésitèrent un instant : le vide et l'obscurité les intimidaient. — Pôle flambeau vini ! cria le meneur aux porteurs de torches, en étendant la main. Ba moin ! Ba moin ! (1) Il saisit une torche et bondit en avant, brandissant de l'autre main son coutelas. Mais à l'instant même où il franchit le seuil, une détonation formidable retentit sous la voûte. Le grand nègre chancela, laissant tomber sa torche et son coutelas. Il jeta les bras en l'air, fit demitour sur lui-même, et retomba su; le dos. Il était mort. Le jeune de Kersaint avait tenu parole. (1) Apportez une torche ! Donnez-la moi ! Donnez-la moi;


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