Youma : roman martiniquais

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— Mené pie-bois ici ! piè-bois ! piè-bois ! (τ) crièrent les hommes qui s'évertuaient à faire sauter les portes à la faveur du bombardement. Et le cri passa lE long de la rue et gravit la pente de la montagne. De l'intérieur de la maison il n'y avait plus moyen de se rendre compte de ce que faisait la foule ; il était impossible de s'approcher des fenêtres. Mais tout à coup la rue retentit d'un tel cri, qu'il était évident qu'un fait nouveau venait de se produire. — Ah ! Ce sont peut-être les soldats ! s'écria avec joie Mme de Kersaint. Elle se trompait. La nouvelle effervescence était provoquée par l'apparition de la « pié-bois », longue poutre que portaient une vingtaine d'hommes qui criaient tous ensemble : — Ba lai ! Ba lai ! Alors ceux qui poussaient des épaules sur la porte d'entrée reculèrent pour faire place au bélier. En le balançant, les nègres chantaient : — Soh ! soh ! yaïe-yah ! Rhâlé ! (ô !

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Et toute la maison frémit sous le choc immense. — Soh ! soh ! yaïe-yah ! Bhâlé ! fô !... (1) Apportez des arbres ici ! Des arbres ! Des arbres ! (2) Soh ! Soh ! yaïe-yah ! tirez fort !


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