Youma : roman martiniquais

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— 133 — béké,un blanc, c'était, du moins pour le simple travailleur, être un aristocrate, un ennemi de l'affranchissement, et sans doute un propriétaire d'esclaves. — Fouille là ! tonna la même voix immense. Et toute la maison trembla. La foule secouait furieusement l'entrée principale, dont les massives portes doubles étaient cependant consolidées par une barre de fer. — Ouvé, ouvé ba nous ! Ouvrez nous ! hurla la foule.

M. de Kersaint repoussa un volet du premier étage donnant sur la rue et regarda la foule. C'était une horde effrayante, pleine de visages de cauchemar. La plupart des figures lui étaient inconnues. Pourtant, il en reconnaissait quelques-unes, celles d'hommes du port, de la classe la plus basse, qui s'étaient joints aux travailleurs avant leur descente. Il y avait aussi des femmes dans la foule ; elles criaient et gesticulaient ; certaines étaient des négresses des plantations, d'autres n'en étaient pas, et elles étaient les plus violentes. — Ça oulez, mefi

?

(1) demanda M. de Kersaint.

La première fois ils ne l'entendirent point à cause du tumulte, mais ils se turent lorsqu'ils aperçurent à la fenêtre le béké aux cheveux blancs. Ils voulaient tous l'écouter. (1) Que voulez-vous, mes enfants ?


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