Youma : roman martiniquais

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— 110 — Elles eurent ensuite toutes les deux très peur, à cause d'un lourd battement qui résonna comme la dernière vibration d'un coup de canon tiré parmi les mornes. Toute la terre en trembla. Le jour se mit à tomber, et s'atténua en une obscurité rouge, comme lorsque le soleil meurt. — C'est l'arbre ! cria Mayotte ! C'est le cœur de l'arbre qui bat ! Cependant, il leur était impossible de s'enfuir. Un étrange engourdissement clouait leurs pieds à terre. Et, tout à coup, les racines de l'arbre s'animèrent d'une vie effroyable et s'étendirent en se tordant comme pour les saisir. Au-dessus d'elles, les profondeurs sombres des branches se transformèrent en un grouillement monstrueux, — et les extrémités des racines et des branches avaient des yeux. Alors, à travers l'obscurité toujours plus intense de son rêve, Youma entendit Gabriel qui criait : — C'est un zombi. Je ne puis l'abattre.


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