Youma : roman martiniquais

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— 109 — de longs effilés de nuages lumineux... La vision se définit lentement, et changea de couleur tandis qu'elle regardait toutes les cimes rosir jusqu'à leur extrémité, comme une éclosion de roses merveilleuses s'épanouissant dans la mer, sous le soleil... Et Douceline, parlant comme à un petit enfant, lui dit : — Travail Bon Dié toutt joli, anh ? — Oh ! ma petite maman bijou 1 Oh, ti bijou-maman — oh, ma pili ké maman... Je ne puis pas partir... Mais déjà Douceline n'était plus auprès d'elle : l'ombre brillante de l'île avait aussi disparu, et elle entendit la voix de Mayotte qui pleurait quelque part derrière les arbres. Alors elle se hâta dans cette direction et trouva l'enfant sous une plante immense qui étendait fort loin ses racines enroulées : et les lianes innombrables qui tombaient de cet arbre empêchaient de voir à quelle espèce il appartenait. L'enfant avait cueilli une feuille sombre, et elle avait peur, car un liquide étrange coulait sur ses doigts. .. — Ce n'est que la liane de sang, dit Youma. On s'en sert pour la teinture. — Mais c'est chaud, répliqua l'enfant encore toute effrayée.


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