Youma : roman martiniquais

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Elle sentit qu'il l'attirait à lui, en une caresse pleine de remords. — Ce n'était pas contre vous, mon petit cœur, que j'étais fâché ! reprit-il. Ecoutez. Il y a des choses que vous ignorez, enfant. Mais je vous crois. Vous agissez selon ce que vous croyez le bien ! Pas pleiré, non ! ti bigioule moin ! (i) Ecoutez ! Puisque vous refusez de partir, je ne partirai pas non plus. Je resterai ici, à Anse Marine... Pas pleiré doudoux ! Elle sanglota quelques instants encore, serrée contre lui ; et puis elle murmura : — Je serai beaucoup plus heureuse, doudoux, de savoir que vous ne partez pas... Mais ce n'est guère le moment de se fâcher, alors qu'il faut nous dire adieu pour toujours ! — Ah ! ma petite guêpe ! Est-ce que vous leur laisserez vous choisir un autre mari, lorsqu'ils vous auront près d'eux à Saint-Pierre ? demanda-t-il avec un sourire confiant. — Gabriel ! s'écria-t-elle alors passionnément. Ils ne pourront jamais faire cela. S'ils ne veulent pas me donner à vous, je resterai toujours comme je suis I... Non ! Ils ne feront pas cela ! (1) Ne pleurez pas, mon petit mignon !


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