Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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GOUVERNEMENT

DE

LA

COMPAGNIE

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suivaient les mouvemens des capitaines. Les gouverneurs aymaient ceux qui avaient leur parti et de M. de la Barre ceux qui avaient le sien. De là, estait venue l'insolence des capitaines de prendre impunément sur les pauvres habitans et de les outrager sans en estre recherchés, car la justice estait toute entre les mains des gouverneurs, et les juges des isles ny le Conseil Souverain ne faisaient que dire amen après qu'ils avaient prononcé (45). » Mais, à peine Baas avait-il réussi à ramener le calme dans la colonie qu'il eut à s'occuper de sa défense. Le 20 juin 1672, il porta au Conseil Souverain, pour enregistrement, une ampliation de la déclaration de guerre entre la France et la Hollande (7 avril). Il représenta l'utilité d'entretenir d'urgence des postes d'observation sur les points dominants de toute l'île, postes qui seront confiés aux capitaines de quartier pour découvrir et signaler tous les navires à la mer. On convint des signaux à faire et à répéter de poste en poste, jusqu'à ce que le fort de SaintPierre en eût avis. Ils seraient, le jour, un pavillon blanc hissé autant de fois qu'on verrait de vaisseaux, et la nuit, un brandon de feu élevé de même (46). Diverses mesures furent prises pour l'entretien des chemins, afin de faciliter la marche des troupes, d'un point à un autre, pour empêcher l'abus des munitions par des coups de fusil tirés sans nécessité, etc.. Enfin, il fut résolu, de doter le pays de deux compagnies de cavalerie qui seraient composées de tous les gens en état de monter à cheval. Le commandement de l'une échut à Valmenières, de l'autre au sieur Hulot. Baas entretint le Conseil de l'utilité pressante d'achever la construction de la citadelle du Fort-Royal, ouvrage de feu Du Parquet ; des moyens propres à alléger les habitants des charges que ces travaux faisaient peser sur eux ; du désir de Sa Majesté de les voir terminer et enfin de la fondation d'une ville dans ce quartier. Le Conseil, se conformant aux propositions du lieutenant-général, ordonna la levée d'une imposition de 20 livres de sucre par tête de nègre travaillant, laquelle sera employée « en l'achat, nourriture et entretien de douze bons nègres mâles pour servir, avec un commandeur, au travail du dit fort ». Ces travaux durèrent plusieurs années. Une lettre du roi du 11 juin 1680 en fait encore état : « J'espère que les 2000 livres de fonds que j'ai ordonné pour cette année suffiront pour achever les travaux du Fort-Royal (47). » (45) Arch. Nat. Col. C8A-1, Corresp. générale, 1670. (46) Doc. pub. par MOREAU DE SAINT-MÉRY : t. 1, p. 263. (47) Doc. pub. par DESSALLES : t. 1, pp. 134-140.


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