Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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HISTOIRE POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DE

LA

MARTINIQUE

leurs établissements. Le général fit avertir ses collègues de la Guadeloupe et de Saint-Christophe et il fut convenu entre eux que, ne pouvant engager une action commune, soit offensive, soit défensive, chacun d'eux garderait les ressources dont il disposait pour la défense de sa colonie. Cette flotte ennemie passa seulement devant la Guadeloupe où elle jugea inopportun un débarquement, puis fit voile pour Saint-Christophe (8). Les colons martiniquais, heureux d'avoir échappé aux horreurs de la guerre, continuèrent l'exploitation de leurs terres et Du Parquet put mettre en valeur les îles de la Grenade et Grenadine, qu'il vendit en 1656 au comte de Cérillac, par l'entremise de l'anglais Maubray (9). Cette prospérité faillit être compromise en 1657 par un violent tremblement de terre. « Les secousses se succédèrent avec des interruptions pendant deux heures. » La plupart des maisons furent endommagées. Les habitants, apeurés, abandonnèrent leurs demeures, allèrent s'agenouiller dans les savanes, implorant la clémence divine. Du Parquet, sa femme, ses domestiques, effrayés, croyaient voir s'écrouler sur eux leur maison en pierres de taille et durent se réfugier au dehors. Non seulement le gouverneur, alors malade, souffrit beaucoup de cet événement (10), mais une absurde émeute allait encore aggraver sa santé. Pour l'entretien de la flottille garde-côtes dont on a vu déjà l'utilité, il convia les habitants à se cotiser pour la moitié de la dépense à faire, lui s'inscrivant pour le reste. Cette décision fut mal accueillie par quelques-uns d'entre eux. Un sieur Bourlet vint le trouver pour lui dire, d'un ton irrespectueux, que ses amis et lui étaient d'accord pour ne payer aucun droit : et « qu'ils étaient décidés à tuer tous ceux qui lui avaient donné le conseil de l'établir ». Le gouverneur, furieux, esquissa une attaque en portant la main à l'épée sans pouvoir la sortir du fourreau. Des amis volèrent à son secours et le calmèrent. Rentré chez lui, il s'alita. Mais le surlendemain, il apprit que la désobéissance civile s'étendait à la population rurale; que les émeutiers venaient de manifester à la Case-Pilote et se disposaient à soulever le quartier du Prêcheur. Pour étouffer l'insurrection, il enfourcha son cheval, suivi de quelques officiers, et d'autorité imposa aux habitants l'acquittement de l'impôt. Ceux-ci payèrent et se dispersèrent (11). Cette fois, il avait trop compté sur ses forces. Rentré chez lui, épuisé, il s'alita. Le 3 janvier 1658, Jacques Du Parquet, après avoir reçu

(8) Du TERTRE : t. 1, pp. 475 et suiv. (9) Du TERTRE : t. 1, pp. 507 et suiv. (10) Ibid., pp. 498-499. (11) Ibid.


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