Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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FONDATION

ET

COLONISATION

DE

LA

MARTINIQUE

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poser amiablement d'échanger Thoisy contre Du Parquet : en cas de refus, il emploierait la force. Arrivé en rade de Saint-Pierre le 13 janvier 1647, il fit connaître à La Pierrère le but de son voyage. Le gouverneur intérimaire et ses officiers, qui venaient de prêter serment de fidélité à Thoisy, refusèrent de manquer à leur parole. Mais la nouvelle s'étant répandue, les Martiniquais acclamèrent la proposition. Ce fut Le Fort qui provoqua encore la décision; avec deux compagnie de fusiliers, il cerna la maison des jésuites où s'était logé Thoisy: celui-ci, en compagnie du Père Du Tertre, fut enlevé sans explication et livré à Lavernade. Conformément à la convention passée, deux officiers du commandeur Poincy, Giraud et Grenou, se constituèrent comme otages. Le 24 janvier 1647, la flottille ancra à Saint-Christophe, où Thoisy fut incarcéré dans une cellule voisine de celle de Du Parquet (42). Dix jours après, ce dernier recouvrait la liberté, quittait Saint-Christophe le 6 février et était reçu triomphalement à la Martinique (43). Le père Maurile de Saint-Michel, témoin oculaire de ces événements, les relata brièvement ainsi : « Monsieur du Parquet, gouverneur de la dite isle, était prisonnier à Saint-Christophe d'où je l'ai vu sortir, etc.. Le sieur Boisfeuilly, capitaine des gardes du sieur Patrocles, était à la Martinique pour apaiser les troubles et assurer l'isle au service de son maistre, mais les maistre et luy furent bientost livrés à Monsieur de Poincy et nous les vîmes amener prisonniers à Saint-Christophe au commencement de l'année (44). » La paix rétablie, Du Parquet s'adonna à l'expansion de la Martinique. En 1650, son plan était arrêté. Il trouva les débouchés nécessaires à ses habitants, dont le nombre avait sensiblement augmenté, dans la conquête de la Grenade qui eut Lecomte pour chef, puis dans celle de Sainte-Alouzie ou Sainte-Lucie récemment abandonnée par les Anglais. Cette dernière île fut occupée par une quarantaine d'hommes à la tête desquels se trouva de Rosselan (45). Une relation anonyme, très intéressante, qui raconte les conquêtes françaises dans les Antilles, résume ainsi les faits : « Après la mort de Monsieur d'Enambuc, Monsieur Dyel Du Il sera, quelque temps après, embarqué pour la France. Du TERTRE : t. 1, pp. 370-386. (44) MAURICE DE SAINT-MICHEL : Voyages des isles camercanes en Amérique, etc., p. 25. Du Parquet, instruit des événements qui marquèrent son absence dans la colonie, fit bénir, le 30 avril 1647, solennellement son mariage avec Mme de Saint-André. Disons de suite que leur foyer eut six enfants dont deux filles, deux fils, deux mort-nés. (Doc. pub. par J. GUET : p. 118.) (45) Du TERTRE : t. 1, pp. 427 et suiv. (42)

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