Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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HISTOIRE POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DE LA MARTINIQUE

III Le 11 février 1639, le commandeur de Poincy débarquait au Fort-Royal avant de rejoindre Saint-Christophe, où il avait été nommé par la Compagnie (6 janvier 1638) en remplacement de d'Enambuc. Sa commission, lue à la Martinique, l'investissait des pouvoirs de lieutenant-général pour une durée de trois ans (15). Du Parquet le reçut avec beaucoup d'honneur, le fit saluer par l'artillerie du fort et, à sa descente à terre, lui fit présenter les armes. Le lendemain, accompagné de ses officiers et de tous les habitants, il lui prêta serment de fidélité. Cinq jours après, de Poincy partait pour la Guadeloupe (16). La situation semblait bonne. La Compagnie, qui ne perdait point de vue la prospérité de ses entreprises lointaines, ne cessait de mettre en garde Du Parquet contre l'imprudence qu'il y aurait de rompre la paix avec les sauvages. Le 5 janvier 1639, les sieurs Fouquet, Martin, Berruyer écrivaient « sur l'advis donné par le sieur Du Parquet, lieutenant-général en l'isle de la Martinique, qu'il est adverti que les Espagnols et les Sauvages avaient faict dessein contre les Français, demeurant en la dite isle, a été ordonné que le dit sieur Du Parquet ne chassera point les Sauvages hors de l'isle, mais seulement les fera assembler et leur déclarera, comme il y a lieu, qu'aucuns d'entre eux poussés d'animosité contre les Français avaient communiqué avec leurs ennemis pour leur faire desplaisirs, mesme qu'ils avaient préparé des flesches à cet effect et quoy qu'il peust les punir de cette mauvaise volonté et les chasser hors de l'isle, néanmoins, il s'est voulu contenter de leur en faire reproche et les convier d'avoir de meilleures intentions à l'advenir et vivre en intelligence avec des personnes qui ne leur veulent faire aucun tort; il leur permettra toute assistance et bon traitement, en les conjurant de ne rien entreprendre contre les Français, mesme de donner advis de ce qu'ils pourraient descouvrir d'ailleurs, soit des sauvages des autres isles ou des ennemis des Français » (17). Ces recommandations étaient d'honnêtes gens, fort tranquilles dans leur bureau. Heureusement, ils ajoutaient « a esté ordonné qu'il serait envoyé au dit sieur Du Parquet 1500 livres de poudre, sçavoir moitié pour canon, 500 livres de plomb et 600 livres de mesches » (18). La Martinique, en effet, était toujours exposée (15)

Doc. pub. par MOREAU DE 1, pp. 71-72. Du TERTRE : t. 1, p. 127. Arch. Nat. Col. F3-26, f° Ibid.

SAINT-MÉRY :

nies, t. (16) (17) (18)

15.

Lois et constitutions des colo-


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