Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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LE RÉGIME COMMERCIAL A LA MARTINIQUE

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l'abandon des principes protectionnistes pour les colonies devint « non seulement un droit, mais une nécessité » (36). Quel était donc à cette époque le trafic aux îles du Vent ? Il consistait en provisions salées (bœuf, porc, hareng) et, concurremment avec les îles Sous-le-Vent, en farine, vin, chandelles, suif, etc... De toutes les villes de France ou ports qui trafiquaient avec ces contrées, Bordeaux occupait le premier rang en expédiant le plus de navires, parce qu'elle avait principalement les denrées de première nécessité (farine, vin), et qu'en commerçant avec l'Irlande, elle pouvait avoir à prix réduit le bœuf, le porc, le suif, la chandelle. Ses expéditions nécessitaient l'emploi de 160 navires portant 40.000 tonnes. Nantes envoyait des ardoises en caisses, des briques, grisons ou pierres de tailles, de la farine de Saumur, de l'huile d'Orléans, du bœuf, beurre, chandelle, toile de Bretagne, fils de Rennes, clous, eaux-de-vie, feuillards (37) et osier, bas de fil et chaussettes, des chemises, etc.. Cette place envoyait aux îles, annuellement, 130 navires portant 36.000 tonneaux. La Rochelle expédiait du sel, de la farine de Marans, des cercles ou feuillards et osier, et employait à ce commerce 40 navires pouvant porter 10.000 tonnes environ. Le Havre envoyait, outre ce qu'il tirait d'Irlande pour la Martinique, du hareng, de la farine, du cidre, des chapeaux de castor unis et bordés, bas de soie, dorures surdorées de Paris, galons d'or et d'argent, étoffes de soie, quincailleries, argenteries, siamoises (38), mouchoirs, fils à papillon, toiles de Normandie, papier, cartes à jouer, livres, faïences, clous assortis, fusils, pistolets, poudre et plomb à giboyer, selles et souliers pour hommes et femmes, cordages, etc.. Au total 12.000 tonnes environ. Bayonne y destinait annuellement près de 15 navires chargés principalement de vin pour 2000 tonnes. Marseille envoyait 16 à 18 vaisseaux chargés de savon, huile fine et commune, vin de Provence, vin de liqueur, olives, câpres, anchoix, truffes à l'huile, amandes, fromages de gruyère, chapeaux à nègres, indiennes, basin de Suisse, bas de fil de Gênes tricotés, velours de Gênes, étoffes de Lyon, bas de Nîmes, bougies, etc.. Année commune, le commerce de Marseille était évalué à 5000 tonnes. : p. 166. branches de saule ou de châtaignier qui, fendues en deux, servent à faire des cercles de tonneaux. L'usage était alors d'expédier le sucre dans les tonneaux, d'où la nécessité pour les habitants de commander des feuillards. (38) Etoffes de coton fort communes aux XVIIe et XVIIIe siècles. (36) J. TRAMOND (37) Feuillards :


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