Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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HISTOIRE POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DE LA MARTINIQUE

confirme celui du 10 juin 1670 (17). En outre, le règlement du 10 août 1698 (art. 5) prévoit, sans doute pour les infractions à ces prescriptions, la peine de six mois de prison pour les marins, l'amende et trois ans de galères pour les habitants; mais il reste sans effet, le trafic étranger persiste aux îles. Toute cette série de mesures législatives, prises pour assurer l'exercice et le maintien de l'exclusif, n'effraie pas les coloniaux. Le commerce de France, par suite des guerres de Louis XIV, ne peut remplir utilement encore sa tâche : le ravitaillement des Antilles. « L'exclusif reste un programme et comme un idéal de l'économie coloniale », jusqu'en 1715 (18). Ainsi se trouvait monopolisé le commerce antillais. Un vice radical s'y attachait : la loi du moindre effort chez le commerçant, loi destructive de tout progrès et de toute amélioration. A propos des paiements en petun ou en sucre, d'abord usités dans la colonie, une déclaration royale du 13 décembre 1650 avait fait défense de recevoir les réaux d'Espagne venant du Pérou, au-dessus de leur poids dont elle fixerait le prix, et interdisait aussi d'accepter des pièces légères quelles qu'elles fussent. Un arrêt du 9 mai 1654 permettait le cours de l'argent de France à la Martinique, et réglait la valeur des monnaies étrangères proportionnellement à celle des pièces du royaume (19). Le gouverneur général Tracy ordonna, en 1664, le cours dans l'île de toutes les monnaies de France; mais comme il ne s'en était pas introduit une assez grande quantité pour le commerce ordinaire, l'usage du paiement en sucre resta courant. Un arrêt du 25 janvier 1671 voulut que toutes les stipulations de contrats, billets, dettes, redevances, baux à ferme et autres quelconques faites en sucre et autres denrées, fussent converties et payables en argent. On stipula donc les marchés en livres tournois au lieu de les stipuler comme livres de sucre ou petun. Mais cet arrêt ne resta pas longtemps en vigueur : ce fut seulement vers l'année 1698 que la monnaie fut habituellement employée (20). La ville qui profita le plus de ce commerce fut Saint-Pierre, après la perte de Saint-Christophe. Elle était devenue le centre de toutes les affaires commerciales des îles du Vent, un vaste entrepôt entretenant négociants et commissionnaires. En dehors de la navigation au long cours, il y existait surtout le cabotage. La Guadeloupe, Marie-Galante, Sainte-Lucie, y envoyaient leurs denrées dans des bateaux pontés, tandis que de frêles esquifs (17) Ibid. (18) J. TRAMOND :

XVIIIe siècle, p. 164. (19) Doc. pub. par (20) Doc. pub. par

Le régime commercial des Antilles Françaises MOREAU DE SAINT-MERY DESSALLES

: t.

1,

pp.

104

: t. 1, pp. et suiv.

70-73.

au


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