Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

Page 236

228

HISTOIRE

POLITIQUE

ET

ÉCONOMIQUE

DE

LA

MARTINIQUE

maux, de même que le nombre d'esclaves valides employés aux champs ou aux ateliers, les accidents de travail et événements de toute nature survenus au cours de l'exploitation. 2° Un registre pour recenser les plantations, roulaisons (36), récoltes en cours. 3° Un livre de factures pour inscrire les denrées vendues et expédiées hors de la colonie, avec indication des quantités, poids, prix, noms et domiciles des acheteurs, des capitaines et des navires qui en avaient fait le transport. 4° Un registre portant au recto, l'état de tous les nègres, animaux de l'habitation, les achats faits pour leur entretien; au verso, le nom des ouvriers blancs ou gens de couleurs libres employés ainsi que les stipulations des marchés passés avec eux, pour rémunérer leurs services. 5° Le grand-livre de l'habitation, partagé en chapitres de recettes et dépenses. 6° Le journal de l'hôpital qui relate l'état nominatif des nègres malades et hospitalisés, le nombre de jours prévus pour leur traitement, la date des entrées, celle des exéats. Les économes-gérants étaient tenus de faire tous les trois mois, à leurs patrons ou dès qu'ils le voulaient, le relevé des biens qu'ils géraient. Les différends qui pouvaient surgir dans le règlement des comptes relevaient des tribunaux (37). Cette heureuse situation explique qu'à la place des indigoteries et des ateliers où l'on torquait le tabac, on voyait des moulins au nombre de trois sortes, les uns tirés par les bœufs, les autres mus par la force hydraulique ou par l'action du vent (38). Car, écrivait, dès le 21 décembre 1680, l'intendant Patoulet à Sa Majesté : « Le tabac qui occupait autrefois utilement dans cette île, seul, quatre ou cinq mille hommes, est tombé dans une si grande non-valeur qu'à présent ou n'en plante pas un seul pied. De sorte que tous ces hommes qui trouvaient dans cette culture aisée une substance fort grasse, ont été contraints de se retirer, ne pouvant plus subsister, et le rocou et l'indigo, marchandises qui ont valu quelque temps un assez bon prix, ont eu la même fortune, aussy il n'y reste plus que le sucre qui soit de quelque débit et qui retienne le peu d'habitans qui restent en ces pais; mais comme pour le fabriquer il faut de grandes avances, il semble qu'on ne doit pas s'attendre de voir passer du royaume icy des personnes puissantes pour y voir eslever des sucreries; (36) Roulaisons : terme employé à l'époque pour exprimer le travail exécuté dans les sucreries, et principalement l'enfutaillement des sucres et sirops. (37) Arch. Nat. Col. F3-265, fos 159-160. (38) J. LABAT : t. 3, pp. 256 et suiv.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.