Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

Page 235

227

L'AGRICULTURE ET L'INDUSTRIE A LA MARTINIQUE Blancs engagés payant le droit de capitation Nègres, négresses, mulâtres, mulâtresses payant ce droit TOTAL

15

têtes

646

661

têtes

Une décharge d'impôt lui avait été accordée pour.

84

Le chiffre de ses serviteurs et esclaves, s'élevait donc à

745

esclaves têtes

(33).

Or d'après l'historien cité, si l'on déduit le tiers de la population nègre comme invalide, on obtient le chiffre de 487 travailleurs. Mais quel pouvait être le revenu annuel d'un tel atelier ? Anciennement, on disait qu'un esclave rapportait 1700 à 1800 livres de tabac par an à son maître : à l'époque où nous sommes, le sol devenant ingrat et la culture étant autre, le même ne pouvait lui fournir plus de 600 livres argent. Sur ce chiffre, les 487 travailleurs fournissaient donc 292.200 livres. En déduisant pour l'entretien de ce personnel, non pas le septième de la recette comme nous venons de le voir, mais à quelque chose près la moitié, c'était, en somme ronde, un revenu net de 150.000 livres par an que cet habitant pouvait avoir (34). A la tête de ces ateliers importants, le maître plaçait des commandeurs, dont l'office consistait généralement à conduire et à surveiller les esclaves aux champs ou aux manufactures. Le Père Labat retraça en ces termes les fonctions de ces auxiliaires : « Il faut que le commandeur, c'est-à-dire l'homme blanc ou noir qui a soin de commander et de conduire les nègres au travail, veille sur leurs actions, les fasse assister aux prières et exécuter les ordres qu'il a reçus du maître. Il faut, dis-je, que le commandeur en instruise les nouveaux nègres et qu'il prenne garde que les anciens ne négligent pas cette précaution (35). » Cependant, nombre de riches planteurs se déchargaient complètement de la gérance de leurs terres. Ils la confiaient à des tiers qui prenaient noms de procureurs ou économes-gérants. La situation de ces employés devint très importante vers la fin de l'ancien régime, et elle motiva une ordonnance en date du 15 octobre 1786 : obligation leur fut faite de tenir six registres particuliers cotés et paraphés par un habitant expert dans le genre de culture ou de manufacture de l'intéressé. Ces registres recevaient l'affectation suivante : 1° Un journal ou l'économe-gérant notait, jour par jour, sans aucun blanc, chaque naissance, chaque mortalité de noirs, d'ani-

(33) (34) (35)

Doc. pub. par J. GUET : pp. Ibid. J. LABAT : t. S, p. 173.

382-383.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.