Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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général entreprirent de sérieuses expéditions contre les îles anglaises : Saint-Vincent et la Grenade tombèrent en leur pouvoir. L'escadre ennemie, battue, se retira devant les Français et c'est en vain qu'en vue de Saint-Christophe, le comte d'Estaing lui offrit le combat (28). Celui-ci put alors conduire sans encombre, hors des parages fréquentés par les vaisseaux britanniques, les navires marchands qui retournaient à la Martinique avec une partie du butin ramassé sur l'ennemi. Son lieutenant, La Motte-Picquet, séjourna pendant longtemps dans les eaux de la Martinique, faisant sans cesse, avec sept vaisseaux, des patrouilles au milieu des îles ennemies sans être inquiété par leur flotte qui était à la Barbade et à Sainte-Lucie. L'arrivée de l'escadre du comte de Guichen à Fort-Royal, avec les régiments d'Enghien, Walch, Touraine et Royal Comtois (29), vint fournir l'occasion de reprendre l'offensive. Guichen et Bouillé formèrent le projet d'attaquer de nouveau Sainte-Lucie. L'opération semblait difficile, car l'ennemi avait réuni plus de seize vaisseaux dans la rade principale. Quelques rencontres entre les flottes rivales eurent lieu sans de grandes pertes de part et d'autre ; mais l'expédition martiniquaise dut regagner son point de départ. L'arrivée de l'escadre du comte de Grasse, à la fin d'avril 1781, décida Bouillé à partir. Si une attaque contre Sainte-Lucie fut encore infructueuse (30), par contre l'île de Tabago fut enlevée d'assaut. Puis, tandis que l'amiral français faisait voile pour l'Amérique Septentrionale, le gouverneur général fit le siège de Saint-Eustache, enlevée par les Anglais aux Hollandais, et il s'en empara. Saint-Martin, Saba, subirent le même sort. Rentré à Fort-Royal, avec huit cents prisonniers, Bouillé, d'accord avec le comte de Grasse revenu, voulut continuer ses conquêtes. La Barbade ne dut son salut qu'à son éloignement et aux vents contraires qui forcèrent la flotte française à relâcher en pleine route par deux fois. Mais Saint-Christophe, Nièves, Montserrat, furent enlevés aux Anglais. A leur retour à la Martinique, Bouillé et Grasse furent reçus triomphalement. Les habitants ne craignaient plus les attaques ennemies. Ils étaient non seulement confiants, mais fiers de la présence du comte de Grasse qu'entourait une élite de marins français, comme : le marquis de Vaudreuil, Bougainville, Du Petit-Thouars, Du Pavillon, Emériau, Descars-Villaumez, le comte de Marigny, Decrès, etc., etc... Les Anglais épiaiént les mouvements de cette flotte nombreuse et ils parurent quand Grasse reçut l'ordre de rejoindre, à Saint(28) Ibid. (29) Voir DANEY-SIDNEY : t. 4, pp. 130 et suiv. (30) Arch. Nat. Col. F3-28. Lettre de Bouillé du 23 mai 1781, fos 469-470.


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