Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

Page 155

LE

RÉGIME

MONARCHIQUE

A

LA

MARTINIQUE

147

médecins et chirurgiens brevetés, les officiers de navires marchands en expédition dans l'île et les flibustiers) (12). Par des instructions et ordonnances des 12 et 31 octobre 1765, l'intendant Peinier fit donc connaître aux habitants les moyens pour procéder au dénombrement de la population, afin de bien organiser tous les corps militaires de la colonie (13). On se rendit compte, peu après, que le rétablissement de la milice permettait d'éviter l'emploi de la maréchaussée ; celle-ci, le 7 août 1765, fut supprimée et remplacée par une troupe d'archers sous les ordres d'un sergent et un caporal (14). D'autre part, le service postal inauguré antérieurement à SaintPierre et au Fort-Royal par Levassor de Latouche, fut étendu à toute la colonie. Son développement fut un bienfait général. Desservant toutes les paroisses, la poste dispensa les habitants d'employer comme courriers les nègres attachés aux cultures. On établit trois bureaux principaux : l'un à Fort-Royal, l'autre à la Trinité, un troisième au Marin. Obligation fut faite aux navigateurs d'y prendre les sacs postaux au moment de leur départ. D'autres mesures furent prises à la même époque, relatives à la sécurité ; par exemple, il fut défendu, le 1er janvier 1766, de construire des maisons en bois dans toute l'étendue de Saint - Pierre, pour éviter les incendies devenus assez fréquents (15). L'île reprit sa prospérité, grâce aux soins éclairés prodigués par son chef. Une renaissance militaire se manifestait ; un programme de réformes administratives se réalisait. La paix extérieure et intérieure faisait le bonheur des colons. Toutefois les exemptions du service de la milice avaient suscité des mécontentements parmi eux, et d'Ennery avait transmis à la cour les revendications de la noblesse qui demandait à être dispensée. Le roi répondit « qu'il entendait que les nobles de la Martinique ne fussent maintenus dans la possession où il les avait trouvés, ne point servir dans les milices qu'autant qu'ils le demanderaient eux-mêmes ; qu'il n'avait pas jugé à propos

(12) Doc. pub. par DANEY-SIDNEY : t. 4, p. 55. (13) Doc. pub. par PETIT DE VIÉVIGNE : Code de la Martinique, t. 1, pp. 97 et suiv. (14) Ibid., p. 315. (15) Doc. pub. par PETIT DE VIÉVIGNE, p. 532. D'autre part, le chevalier Dussault, commandant du vaisseau de guerre français la Danaé, réussit à renflouer le navire anglais le Raisonnable, sombré près de la Pointe-Borgnesse pendant la dernière guerre. On retira de sa carcasse cinquante-cinq canons de différents calibres et mille deux cents boulets. Le gouverneur général distribua six mille livres aux membres de l'équipage de la Danaé et félicita Dussault pour son entreprise hardie. (Arch. Nat. Col. F3-260. Lettre d'Ennery du 7 mai 1766, f° 392.)


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.