Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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HISTOIRE POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DE LA MARTINIQUE

ment de Royal Marine ; de deux bataillons avec, pour lieutenantcolonel, Delalande. On chanta le Te Deum à Fort-Royal et à Saint-Pierre pour « remercier le ciel de la paix et avoir délivré l'île de l'occupation étrangère », et de grandes fêtes marquèrent les premiers jours de l'arrivée du marquis. Puis celui-ci exécuta l'ordre dont il était porteur de faire passer en France tous les habitants qui, pendant le siège, avaient donné l'exemple de la lâcheté. Les sieurs d'Eragny, d'Alesso, Baillardel, Dampierre ; Simon Chauvot, procureur du roi de l'amirauté du Fort-Royal ; le Père Benjamin, capucin, curé du Lamentin, eurent huit jours pour s'embarquer. Quatre membres du Conseil Supérieur : Assier, Saint-Cyr, de Cély et Erard, durent se démettre de leurs fonctions (2). L'administration métropolitaine, en outre, apporta des réformes profondes dans le statu quo des îles du Vent. Le généralat fut supprimé et un gouverneur particulier reçut le commandement de la Guadeloupe, un autre celui de la Martinique. Par un règlement du 24 mars 1763, enregistré le 11 juillet suivant, le gouvernement militaire de l'île fut composé d'un gouverneur général et d'un commandant en second chargé de le remplacer en cas de besoin. Le premier eut pour résidence le Fort-Royal, le second la ville de SaintPierre. Les fonctions de lieutenant du roi furent supprimées. Le corps des milices, orgueil de la population créole, malgré son noble passé, fut dissous. Il devait être remplacé par les troupes réglées que l'ordonnance militaire du 10 décembre 1762 désignait. On forma ensuite, pour des fins de police, une maréchaussée, etc., etc.. (3). Le gouverneur général eut surtout la mission délicate de mettre la Martinique sur un pied offensif et défensif. Il eut à faire parvenir au ministre des cartes, plans, projets, mémoires sur la colonie, avec des observations détaillées. Toutes les ressources de l'île, rivières, ruisseaux, côtes, bois, ravins, mornes, montagnes, plaines, pâturages, chevaux, bœufs, voitures, travailleurs, population, chemins, faisaient l'objet d'une étude spéciale très approfondie. Les administrateurs durent indiquer l'effectif des troupes indispensable pour la défense, à faire les mêmes (2) Arch. Nat. Col. F3-28. Lettres du roi des 18 avril 1763 et 27 janvier 1764, fos 334 et 367. (3) Arch. Ministère de la Guerre. Registre 3628. Ordonnance du roi, concernant la colonie de la Martinique, du 24 mars 1763, n° 49. Cependant, une ordonnance royale, du 20 septembre 1768, apprenait aux administrateurs que la Martinique était à nouveau érigée en gouvernement général, comprenant, comme par le passé, les îles de la Guadeloupe, MarieGalante, les Saintes, la Désirade. (Arch. Nat. Col. F3-260, f° 999.) C'était refaire l'unité des forces antillaises.


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