Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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MARTINIQUE

commissaire écrivain de la marine, servant aux îles du Vent, de contracter mariage avec les filles créoles. L'articles 2 frappait de la révocation pour toute union, acquisition de propriétés. Toutefois, selon l'article 3, pouvaient exceptionnellement déroger à cette prescription le gouverneur particulier de la Martinique, les lieutenants du roi, majors et aides-majors des îles du Vent, ainsi que les capitaines, lieutenants et enseignes des troupes, à cause de leur résidence continuelle dans la colonie. L'article 4 fit défense à tous ces officiers susnommés de faire du trafic direct ou indirect sous peine de la révocation (19). Ces mesures étaient édictées pour qu'au moment du danger les officiers supérieurs n'eussent à obéir à d'autre suggestion qu'à celle de leur devoir. Mais tandis que toutes ces réformes étaient introduites aux îles, le bruit courait de nouveau qu'une seconde expédition anglaise, plus forte que la première, était organisée contre elles. La métropole, avertie, fit partir en toute diligence, de Brest, trois frégates chargées d'un matériel d'artillerie pour la Martinique. Deux cent cinquante grenadiers royaux s'embarquèrent sur ces vaisseaux qui mouillèrent, en août 1760, dans la baie du FortRoyal. Beauharnais ordonna aux habitants des villes et du littoral de transporter leurs meubles et objets de valeur au Réduit et dans les hauteurs de l'île, afin de les soustraire à la convoitise des pillards, en cas de revers des troupes martiniquaises (20). Une grande animation, un désordre indescriptible, régnèrent dans la colonie jusqu'au moment où le gouverneur général repartit pour la France (21). Le 29 janvier 1761, débarquait au Marin, sur un bateau marchand parti de Bordeaux à destination de Saint-Domingue, le nouveau gouverneur général Le Vassor de Latouche. Le 7 février, reconnu dans ses fonctions par les troupes et le Conseil Souverain, ce haut fonctionnaire était un créole de la Martinique, et sa nomination laissait entendre que le roi avait en les colons une entière confiance. Ce choix du monarque constituait un acte important, sans précédent dans l'histoire des colonies. C'était de plus, en la circonstance critique, un gage d'attachement sincère donné par la mère-patrie à ses enfants lointains. Nul ne pouvait mieux les défendre qu'eux-mêmes. Le Vassor de Latouche arrivait avec l'assurance que des renforts sérieux le suivraient de près. Par lettre du 28 sep(19) Doc. pub. par PETIT DE VIÉVIGNE et suiv. (20) Doc. pub. par DANEY-SIDNEY : t. (21) Arch. Nat. Col. F3-28, f° 124.

:

Code de la Martinique, t. 3,

p.

300.

1,

pp.

1


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