Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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parlementaire chargé d'annoncer l'arrivée de leur nouveau chef. Les premiers mois de l'administration de Bompar furent consacrés à rendre quelques règlements de police intérieure. Grâce au traité d'Aix-la-Chapelle, les colonies étant occupées aux travaux de la paix; le 21 mars 1752, Bompar et Hurson entreprirent de visiter les îles de leur gouvernement, telles que la Guadeloupe, Marie-Galante, les Saintes, la Grenade, afin de pourvoir à leurs besoins pressants. Le 11 mai, ils furent de retour de leur longue tournée. Mais, en leur absence, quelques incidents s'étaient produits. Des lettres anonymes, où l'on sollicitait de l'argent et faisait des menaces, circulaient dans la colonie et jetaient la perturbation dans les familles. Un incendie qui éclata, détruisit 96 maisons à Saint-Pierre, acheva de jeter la terreur dans les esprits. Plusieurs personnes furent accusées d'être des incendiaires; le Conseil Supérieur eut à les juger, dans une séance extraordinaire, et reconnut fort heureusement leur innocence. Mais si, à la ville, les habitants étaient hallucinés par la crainte du feu, à la campagne, c'était par le poison. Au quartier du Robert fut envoyée, pour rechercher les auteurs présumés, une commission composée des conseillers Dubochet, Dessalles et Périnelle (9). Lorsque les esprits furent enfin calmés, Bompar s'occupa activement de l'administration des îles. De concert avec le nouvel intendant, Antoine Lefebvre de Givry, il prit en particulier des mesures sanitaires, notamment il ordonna la clôture dans les villes et paroisses des cimetières. Dès lors, l'inhumation dans les églises devint le privilège du gouverneur lieutenant-général, du commandant en second, du major général, de l'intendant, du commissaire de marine faisant fonctions de sub-délégué général, du procureur général du Conseil Souverain, des conseillers titulaires et honoraires, des juges et procureurs du roi, des commandants et majors de milice, des curés, des capitaines et commandants de paroisse. Les habitants qui désiraient cet honneur devaient verser 2400 livres à la fabrique (10). Mais comme cette prescription n'édictait pas de peines en cas de violation, on continua d'enterrer dans les églises indistinctement tous ceux qui le désiraient, sans verser aucune taxe à la fabrique. Le Conseil Souverain réprima les abus, par un arrêt en date du 7 novembre 1755, qui fixait à 2000 livres l'amende devant frapper les marguilliers qui contreviendraient aux règlements (11). D'un autre côté, Bompar eut à diriger une expédition vers (9) Doc. pub. par DANEY-SIDNEY : t. 3, pp. 222 et suiv. (10) Doc. pub. par DURAND-MOLARD : Code de la Martinique, t. 2, p. 6. (11) Ibid. Le roi semble s'être occupé de cette question : un ordre du 1er avril 1768 renouvela les règlements antérieurs. (Ibid., p. 569.)


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