Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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HISTOIRE POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DE LA MARTINIQUE

a été assemblé dans la citadelle du Fort-Royal, où a été reçu M. Desclieux, capitaine des troupes, qui avait été arrêté hors de la forteresse par les milices de la colonie, pendant qu'il était à la suite de M. de la Varenne, général de cette isle, lequel mondit sieur Desclieux ayant été renvoyé par la colonie avec un trompette dans le dit fort, et chargé des propositions ci-dessus, dont l'original est entre nos mains, après délibération faite sur l'examen des dites propositions, les officiers consentant de ne se mêler en aucune façon du commerce, ni de ce qui concerne la colonie ; de leur côté les officiers auront pareillement pleine liberté de vaquer à ce qui concerne le service militaire de la garnison et à leurs affaires particulières. « Les officiers consentant de mesme au second article et donnant leur parole de ne faire aucun tort ni insulte aux habitants, ni de les inquiéter en rien, sous quelque prétexte que ce soit; de les laisser agir à leurs affaires, de ne se mêler ni du commerce ni de ce qui regarde la colonie jusqu'à ce que Sa Majesté en eût ordonné autrement, comme aussi de ne recevoir aucun secours ni de dehors ni de dedans, si ce n'est des fonds de Sa Majesté pour la subsistance des troupes de la garnison (19). » Les officiers du Conseil de guerre reconnaissaient Bègue et Martel pour leurs commandants légitimes; ils peuvent désormais agir en cette qualité. Ont composé le Conseil Souverain: la Roche-Guyon, premier capitaine et commandant; Durand, capitaine de port et de frégate; Longvilliers de Poincy, chevalier; Préveraud, Roquembus, Landon, Longueville, lieutenants, qui ont résolu de renvoyer par Desclieux la réponse aux propositions envoyées par la colonie (20). Celle-ci ayant approuvé la réponse des officiers sur les propositions par elle faites, les membres du Conseil de guerre ont aussi ratifié pareillement et promis d'exécuter les délibérations ci-dessus après les avoir signées (21). La démarche du capitaine Desclieux au Fort-Royal était nécessaire pour apaiser les esprits violemment agités, comme le prouve un incident dramatique. Au Lamentin se trouvait concentrée la majeure partie des miliciens. Les hauts fonctionnaires devaient y arriver incessamment. Après avoir devisé durant la journée, la nuit du lundi, les séditieux attendaient encore, vers l'après-midi du mardi, la présence de leur chef, le vieux Latouche. Son absence prolongée finit par inquiéter et des impatients, l'accusant d'avoir trahi, crièrent : « Des torches et chez lui ! » En un instant, la flamme brille. L'indignation de la foule est (19) Doc. pub. par (20) Ibid. (21) Ibid.

DESSALLES

: t. 1, pp. 413-415.


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