Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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LE RÉGIME MONARCHIQUE A LA MARTINIQUE

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mi-marge, afin que le Conseil pût mettre en regard de chaque sujet ses observations dans la partie blanche. Pour éviter les pertes de lettres ou paquets de correspondance, et hâter leur distribution à la cour, tous les plis officiels devaient être adressés à « S. A. R. Monseigneur le Duc d'Orléans, Régent du Royaume », avec la mention « Conseil de Marine ». Il fut encore spécifié que les officiers subalternes d'épée rendront compte de leur gestion et adresseront leurs plaintes, griefs, demandes de mariage, de congé, etc., au gouverneur général; ceux de robe s'en référeront à l'avis de l'intendant (4). Les administrateurs Duquesne et Vaucresson n'eurent pas le temps de faire observer ces prescriptions. Par lettre du 27 octobre 1715, l'intendant fut rappelé en France (5). Le gouverneur général quittait à son tour la colonie en 1717. En même temps, le Conseil de Marine composé en majeure partie de vieux marins, engagé dans la voie de grandes réformes, se renseigna sur l'état administratif, agricole, industriel, commercial des îles. Il rédigea de nouvelles instructions pour les administrateurs chargés de leur gestion. De la Varenne et Ricouart, nommés récemment aux îles du Vent, gouverneur général et intendant, les reçurent avant de s'embarquer pour la Martinique. Partis de Brest, dans les premiers jours de novembre 1716, sur la frégate la Valeur, commandée par le chevalier de Ricouart, parent de l'intendant, ils eurent, durant la traversée, tout le loisir voulu pour bien se pénétrer des recommandations du Conseil. Leur attention fut éveillée sur deux points principaux : 1° l'utilité urgente pour les colonies de cultiver toutes les denrées propres à leur sol et indispensables à la métropole ; 2° l'interdiction du commerce étranger à l'exception du trafic espagnol (6). Ces mesures avaient été dictées au Conseil d'après les renseignements fournis par les ports de France, qui constataient une surproduction du sucre au préjudice des autres denrées coloniales (coton, casse, rocou, indigo, gingembre, cacao). D'où la nécessité de substituer à la culture de la canne celle de ces végétaux. D'autre part, il paraissait comme un principe inviolable pour la métropole que les îles lui dussent leur commerce. La dérogation aux lois de la prohibition ne serait admise que pour les Espagnols dont le commerce était profitable aux Français. En outre, le gouverneur général devait « interdire aux gens de procès l'entrée des îles de son gouvernement ». « Ces sortes de (4) Arch. Nat. Col. F3-251, fos 517-519. (5) Ibid., f° 525. (6) Arch. Nat. Col. F3-68. Instructions données au sieur de Ricouart, intendant des isles françaises du Vent, du 25 août 1716, fos 15 et suiv. N. B. — Les instructions données au gouverneur général étaient un double des précédentes.


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