Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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HISTOIRE POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DE LA MARTINIQUE

A la Martinique, comme dans la Métropole, les mêmes paroles de foi liaient les différents corps de l'île avec le monarque. Le jour même de la mort de Louis XIV (1er septembre 1715), Louis XV annonça la douloureuse nouvelle au peuple martiniquais, en recommandant aux autorités administratives de faire célébrer une messe de Requiem pour le repos de l'âme de l'auguste défunt. Ce service eut lieu, à l'église du Fort-Royal, le 11 mars 1716. Le Conseil Souverain de la Martinique enregistra, en même temps que cette nouvelle, l'arrêt du Parlement de Paris qui déclarait le duc d'Orléans régent du royaume de France, pendant la minorité du nouveau monarque, âgé de cinq ans. La déclaration de ce jeune souverain portait en outre l'établissement de plusieurs Conseils composés chacun d'un président et d'un certain nombre de conseillers, pour la direction des affaires du royaume (2). , Le Conseil de Marine apporta des réformes profondes dans l'administration des îles. Il est utile de les connaître dès maintenant. Jusqu'ici, la correspondance des administrateurs se faisait sans ordre, sans logique, embrassant plusieurs sujets à la fois. Elle était expédiée tantôt au souverain, tantôt au ministre. Chaque officier d'épée ou de plume se croyait autorisé soit à envoyer des rapports, soit à formuler des plaintes à la cour, sans que leurs écrits fussent connus de leurs supérieurs. De cette liberté découlaient de véritables abus. Pour y remédier, le Conseil de Marine adressa à la Martinique la lettre suivante, du 3 octobre 1715 : « Le nouvel ordre établi pour l'administration des affaires du royaume demandant une nouvelle forme d'arrangement pour leur expédition, le Conseil de Marine souhaite que vous observiez à l'avenir d'écrire des lettres séparées pour chaque nature d'affaire différente; en sorte que dans la même lettre vous ne rendrez compte que d'une seule et unique affaire : et lorsque vous aurez à informer des nouvelles dont vous aurez eu avis ou acquitter de quelque compliment, vous le fassiez par des lettrés particulières (3). » Il était recommandé d'écrire sur du papier à la Tellière, à (2) Ces Conseils, au nombre de six, relevaient tous du Conseil de Régence. C'étaient : le Conseil de Conscience pour les affaires ecclésiastiques ; le Conseil des Affaires étrangères ; le Conseil de Guerre ; le Conseil des Finances ; le Conseil de Marine et le Conseil pour les Affaires de l'intérieur du royaume. Les colonies ressortissant du Conseil de Marine, la liste de ses membres seule nous intéresse. C'étaient : le maréchal d'Estrées, chef ; le maréchal de Tessé ; le marquis de Coetlogon ; de Bonrepaus ; Férant, intendant de Bretagne ; de Mamiré ; de Champigny ; de la Chapelle, secrétaire. (3) Arch. Nat. Col. F3-251, fos 517-519.


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